WECCEE : deux regards croisés sur un volontariat international au service de l’inclusion

Depuis janvier 2025, la Ville de Cenon accueille Aita Laty Gueye dans le cadre du dispositif WECCEE, un programme d’échange international de jeunes volontaires piloté par l’association Cool’eurs du Monde. Âgée de 22 ans, cette jeune sénégalaise originaire de Ouakam a intégré le service culturel de la Ville, à l'espace culturel Simone Signoret, pour une mission de service civique de six mois. 

Au même moment, Fanny Vidal, 22 ans, jeune française diplômée dans le champ du social, effectue sa mission à Ouakam, au sein de l’Association pour la Promotion des Handicapés de Ouakam (APHO). Ensemble, elles mènent un projet commun autour de l’inclusion.

Un saut dans l’inconnu

Diplômée en informatique et cybersécurité, Aita découvre l’existence de WECCEE via la mairie de sa commune. Curieuse, elle postule. Plusieurs entretiens plus tard, la voilà sélectionnée parmi une dizaine de jeunes sénégalais, avec une majorité de filles. Grâce à l’accompagnement de France Volontaires, elle se prépare à quitter le Sénégal pour la première fois. Le 13 janvier 2025, elle embarque pour la France, « excitée et stressée à la fois ». « Le plus marquant au début, c’était le froid… et l’avion ! » confie-t-elle en souriant.

Un choc culturel rapidement atténué par les 10 jours de formation à la Fraisse, où elle découvre d’autres volontaires et prend conscience de ses capacités d’adaptation.

De son côté, Fanny découvre le programme via la plateforme du service civique. Elle postule en souhaitant vivre une expérience de terrain après ses études : « ce type d’opportunité ne se présente pas tous les jours. J’avais envie de découvrir un autre pays et d’enrichir mon parcours dans le social », confie-t-elle.

Premiers pas à Cenon

A Cenon, Aita rejoint l’équipe de l'espace Simone Signoret : Damien, chargé de la logistique, Marlène et Véronique, médiatrices culturelles, et Quentin, directeur des Affaires Culturelles. Elle est accompagnée par Elodie, sa tutrice, responsable de cette salle de spectacle de proximité, qui l’accueille chaleureusement et lui fait découvrir le fonctionnement du service.

Les débuts sont intenses : « tout est structuré, organisé, avec un emploi du temps bien défini à l'avance. Ce n’était pas évident, mais ça m’a appris à anticiper et à planifier », explique Aita. Ses missions évoluent progressivement : accueil du public, gestion des billets, placement en salle, rangement après les spectacles, mais aussi participation aux actions culturelles en milieu scolaire ou intergénérationnel. Elle intervient ainsi dans des ateliers de contes pour enfants, ou encore dans des séances de musicothérapie avec des personnes âgées.

À Ouakam, Fanny est accueillie par l’équipe de l’APHO. Rapidement intégrée, elle participe à la gestion quotidienne du centre, accompagne des bénéficiaires, met en place des actions culturelles et sportives. Les débuts ne sont pas sans défis : barrière de la langue, adaptation au climat, nouvelles habitudes. « Ce qui m’a vraiment aidée, c’est l’accueil très chaleureux, et les moments de vie partagés : la cuisine, la couture, la musique… », explique-t-elle.

Atelier couture à APHO

Un engagement pour l’inclusion

Avec sa binôme française, Fanny Vidal, actuellement en mission à Ouakam au sein de l’association APHO, Aita mène un micro-projet autour du handicap. Un sujet qui lui tient à cœur. Après plusieurs rencontres avec des acteurs du territoire, elle organise un atelier de poterie au foyer du Cypressat, en partenariat avec l’OCAC. L’atelier, qui s’est tenu le 2 juin 2025, a permis à cinq adultes présentant des troubles autistiques de réaliser des créations (visages, pingouins, cœurs…) dans une ambiance bienveillante et inclusive. « Les participants étaient réceptifs et ont même demandé à renouveler l’expérience », se réjouit Aita, qui a dû faire preuve d’initiative pour aller au contact des structures locales et monter ce projet.

Pendant ce temps, à Ouakam, Fanny coordonne un événement de deux jours baptisé Nio Far, réunissant projection de film (La Danse des Béquilles), ciné-débat, concert et match de handibasket. Le projet mobilise de nombreux partenaires locaux (Maison des Cultures Urbaines, APHO, Mairie de Ouakam, direction de la Cinématographie…) et touche un large public. « L’idée était de créer un moment inclusif et festif, accessible à tous. C’était fort de voir les gens venir, échanger, découvrir. »

Sculptures en poterie

Une expérience de transformation

Ce séjour à Cenon a été pour elle une vraie école de la vie. Elle évoque une montée en compétences, tant sur le plan personnel que professionnel : discipline, confiance en soi, prise de parole, autonomie, mais aussi une meilleure maîtrise de la langue française. « Avant, j’étais très timide. Aujourd’hui, je vais plus facilement vers les autres. Je me sens plus sûre de moi », confie-t-elle. Elle garde en mémoire des moments forts, comme les activités avec les enfants dans les écoles, mais aussi des défis, notamment lors de ses premières interactions avec le public.

Micro projet poterie

 

Fanny, elle, parle d’une transformation intérieure. Elle a renforcé ses compétences en gestion de projet, budgétisation, rédaction de dossiers, animation, communication, mais aussi acquis des savoir-faire pratiques comme la couture, la cuisine, l’organisation d’événements. « J’ai appris à relativiser, à m’ouvrir, à dépasser ma timidité. C’est une expérience très complète. »

 

Fanny distribue les sacs élaborés à base de sac de riz

Et après ?

À son retour à Ouakam, Aita envisage de poursuivre ses études en Master, tout en s’impliquant davantage dans la vie sociale de son quartier. Une association vient justement d’y être créée, et elle souhaite y apporter son énergie et ses idées.

Fanny, elle, rentrera en France avec de nouvelles perspectives. Ce service civique international est, pour elle, un tremplin professionnel : « Ce type de mission permet à la fois de tester un secteur, de vivre une immersion et de développer des compétences techniques et humaines. »

Une aventure qu’elles recommandent toutes deux. « C’est une chance incroyable de sortir de sa bulle, de découvrir une autre culture, de gagner en confiance en soi », résume Aita. Fanny confirme : « Le plus marquant, c’est l’humain. Je n’oublierai jamais l’accueil des Sénégalais, leur sens du collectif, leur générosité. »

Cette année, le programme WECCEE a permis à une cinquantaine de jeunes volontaires de vivre des expériences croisées entre la France, le Sénégal, mais aussi d'autres pays comme le Togo, Madagascar, la Tunisie, les Fidji ou encore le Maroc. 

Mis à jour le 24 juin 2025