Les monuments commémoratifs de la ville

Au lendemain de la première guerre

La première guerre mondiale (1914 – 1918) laisse derrière elle un bilan humain sans précédent : près de 1,4 million de soldats français tués. Ceux dont les corps pouvaient être identifiés, étaient inhumés dans des cimetières militaires près des lignes de feu. 
Fin 1920, les familles obtiennent du gouvernement le droit de récupérer les dépouilles de leurs proches. Partout, des monuments aux morts s’érigent. Les noms des soldats disparus y sont gravés, afin d’honorer dans leur mémoire individuelle ces fils, pères, frères, époux, et de célébrer collectivement ceux qui ont donné leur vie pour la défense d’un idéal commun.

Le caveau du cimetière Saint-Romain

A Cenon, « l’union fraternelle des mutilés, réformés, blessés et anciens combattants, veuves et orphelins » émet le vœu d’une sépulture commune où se recueillir. En février 1921, un ossuaire est implanté face à l’église pour accueillir les premiers cercueils de retour à Cenon. Puis, la commune demande à l’architecte de la Ville, Robert Mialhe, de dessiner les plans d’un caveau. Achevé en septembre 1924, il se compose d’une croix sculptée, d’un monument en pierre, entouré de chaînes reliant des obus. 
En 2007, la restauration de l’église Saint Romain et la requalification de ses abords nécessitent de réduire l’empiètement du tombeau. La croix marque toujours l’emplacement des sépultures, tandis qu’un marbre noir prend place devant l’édifice religieux.

Le monument aux morts

Parallèlement à la construction du caveau, la Ville souhaite édifier un monument aux morts. Le 21 mars 1921, le Conseil municipal statue sur son emplacement, M. Alain de Montesquieu ayant proposé de céder gratuitement à la ville une parcelle de terrain dans le bas Cenon. Le plus grand nombre de victimes de la guerre habitant ce quartier, cette localisation à l’angle du cours Victor Hugo et de la rue du Maréchal Foch est idéale. 


La municipalité alloue 2 000 francs au Comité du monument des soldats morts pour la France pour l’accomplissement de l’œuvre. L’élaboration des plans est confiée à Robert Mialhe, qui y inclut le soldat inconnu et le coq, moulages des sculptures de René Bertrand-Boutée réalisées pour les monuments aux morts du pays. Inauguré le 11 novembre 1923, l’édifice rend hommage aux 168 soldats cenonnais disparus lors de la première guerre.

En 1960, sa vétusté incite la municipalité à requalifier l’édifice. En forme d’arche, la nouvelle structure de marbre intégré le soldat et le coq d’origine. Inauguré le 11 novembre 1960, y ont été ajoutés les noms des 83 victimes du conflit de 1939 - 1945, ainsi que les 3 Cenonnais ayant péri durant la guerre d’Indochine. Puis, seront apposés les noms des 5 Cenonnais tombés pendant la guerre d’Algérie.

La stèle de la déportation

Année du 50e anniversaire de la fin de la Seconde guerre mondiale, la ville se dote en 1995 d’une stèle dédiée à la mémoire des victimes et rescapés des camps de la barbarie nazie. Depuis 2018, y figurent les noms de Cenonnais morts ou rescapés des camps. Les familles peuvent toujours solliciter la mairie pour inscrire le nom d’un membre de leur famille vivant ou ayant vécu à Cenon et ayant été déporté.

« Liberté » : une sculpture contre l’oubli

A l’invitation de Christine Cavaillès, présidente de la section de Charente-Maritime de l’Amicale des anciens déportés d’Oranienburg-Sachsenhausen, les élèves de 3e option CHAAP (classe à horaires aménagées arts plastiques) du collège Jean Zay, ont réalisé une sculpture pour célébrer le 80e anniversaire de la libération des camps.

Durant le premier trimestre 2024, et encadrés de leurs professeures Stéphanie de le Vielleuse (histoire - géographie) et Océane Massicault (arts plastiques), les élèves ont mené des recherches, travaillé sur le thème de la liberté, puis, avec l’artiste Cécile Vassort, appris à creuser et à sculpter des briques d’argile.
En décembre 2024, la sculpture de 300 briques est assemblée. Sa forme figure une porte, un passage sous l’ombre de la guerre, de l’enfermement à la lumière, franchie par trois personnages. En guise de visages, des formes géométriques rappellent le triangle porté par de nombreux déportés et évoquent la solidarité, la diversité, la mémoire.

L’implantation au camp d’Oranienburg-Sachsenhausen ne pouvant finalement pas se faire, le maire de Cenon propose d’installer l’œuvre sur le site de l’Hôtel de ville, à côté de la stèle de la déportation.  « Ce fut une grande joie d’apprendre que nous allions bénéficier de cet emplacement, d’autant que la plupart des élèves sont cenonnais », témoigne Stéphanie de le Vielleuse. « A travers cette réalisation collective, les élèves ont saisi l’importance de la mémoire, de la liberté, de la citoyenneté, tout en laissant un héritage pour les générations futures », ajoute Océane Massicault.

 

Mis à jour le 28 octobre 2025